mercredi 11 janvier 2012

Liens avec des variables susceptibles d’influencer les résultats aux tests de rendement académique

Voici la suite de l'impact de l'éducation à domicile sur le rendement académique. Ici, il sera question des liens avec des variables susceptibles d'influencer les résultats aux tests de rendement académique. En effet, lors de mon billet précédent libellé 'Ce qu'en disent les recherches', j'ai présenté des recherches montrant que les jeunes éduqués à domicile obtenaient un rendement académique supérieur ou égal aux jeunes éduqués à l'école traditionnelle. Ici, je vous présente des études qui ont tenté de voir s'il pouvait y avoir d'autres variables (autre que le fait d'être éduqué à la maison) qui pourraient expliquer les résultats supérieurs de ces jeunes. 

1. Les parents éduquant leurs enfants à domicile sont en moyenne plus éduqués que la population générale. Est ce que ce fait pourrait expliquer les résultats supérieurs des jeunes éduqués à domicile? Dans le projet d’étude de Wartes (1990), celui-ci a observé que même les élèves dont les parents ont 12 ans et moins d’éducation obtiennent des résultats supérieurs au Stanford Achievement Test (SAT)Celui-ci conclut que la peur que les enfants de parents moins éduqués soient académiquement désavantagés ne reçoit pas de support de ces résultats. Même conclusion du côté de l’étude de Rakestraw (1988) : le niveau d’éducation des parents n’affecte pas la performance des enfants aux tests. Même chose du côté de l’étude de Richman et al. (1990) (et Russell, 1994) puisque ceux-ci ont observé une très faible relation entre le niveau d’éducation des parents et les résultats des élèves éduqués à domicile. 

2. L’étude de Rudner (1999) a pour sa part observé une différence dans le niveau de performance des élèves éduqués à domicile dépendamment du niveau d’éducation de leurs parents. En effet, dans son étude, les élèves de parents ayant un diplôme de niveau collégial ou plus performent davantage que ceux dont leurs parents n’ont pas de diplôme collégial. Par contre, les élèves éduqués à domicile qui ont des parents sans diplôme collégial ont tout de même des résultats supérieurs aux élèves éduqués dans les écoles publiques, comme dans le projet d’étude de Wartes (1990). En sommes, bien que le niveau d’éducation des parents semble avoir une influence sur la performance aux tests, cette seule variable ne semble pas être la seule cause expliquant que les jeunes éduqués à domicile obtiennent des résultats supérieurs ou égaux à la moyenne nationale même lorsque les jeunes ont des parents moins éduqués. Les études de Ray (1997, 1994, 2009) obtiennent les mêmes résultats, spécifiant que bien qu’il y ait relation entre le niveau d’éducation des parents et les résultats aux tests de rendement, cette relation est faible. De plus, cette relation est généralement plus faible pour les élèves éduqués à domicile que pour les élèves allant à l’école publique (NCES, 2007). C’est-à-dire que les résultats des élèves allant à l’école publique seraient davantage influencés par l’éducation de leurs parents que les résultats des élèves de l’éducation à domicile. Ainsi, l’écart entre le rendement académique d’un élève dont les parents seraient peu éduqués et le rendement académique d’un élève dont les parents seraient plus éduqués (exemple, ayant un baccalauréat) serait plus grand chez les élèves allant à l’école traditionnelle que chez les élèves de l’éducation à domicile.   

3. Pour ce qui est de la relation entre le revenu familial et le rendement académique des jeunes éduqués à domicile, les études n’observent aucune relation ou une faible relation. L’étude de Wartes (1990) et Richman et al. (1990) conclu que le revenu familial est un faible prédicteur du succès des élèves éduqués à domicile, alors que l’étude de Russell (1994) conclut que cette variable n’est pas un prédicteur du rendement académique de ces jeunes. Pour sa part, l’étude de Rudner (1999) obtient une différence significative concernant le rendement académique des jeunes éduqués à domicile basée sur le revenu familial. Les enfants des familles à revenu élevé ont des résultats significativement supérieurs aux enfants des familles à faible revenu. Pour sa part, Ray (1997, 1994) n’a pas observé cette relation dans ces études canadiennes et états-uniennes. Par contre, il a observé cette différence lors de sa plus récente étude états-unienne (Ray, 2009). Dans cette étude, plus le revenu familial était élevé, plus les enfants avaient des résultats élevés aux tests de rendement standardisés. Par contre, cette relation est très faible. De plus, même lorsqu’on observe une telle relation, les enfants vivant dans une famille à faible revenu obtiennent tout de même des résultats supérieurs à la moyenne des élèves fréquentant les écoles publiques (Wartes, 1990 ; Ray, 2009).

4. Quelques études ont examiné si le niveau de structure de l’enseignement à domicile avait une influence sur le rendement académique des jeunes. L’enseignement à domicile pouvant être pratiqué de diverses manières, allant de l’enseignement très structuré où le parent suit un programme scolaire prédéterminé au non structuré comme l’unschooling où aucun enseignement formel n’est prodigué à l’enfant. Les résultats des recherches ayant été effectuées sur cette question ne semblent pas démontrer de forte relation entre le niveau de structure et les résultats académiques. Les études de Richman et al. (1990) et Wartes (1990) ont observé peu ou pas de relation entre le niveau de structure et les résultats académiques. Richman et al. (1990) concluant que les décisions politiques visant à imposer un programme structuré ou un nombre minimum requis d’heures d’enseignement formel par semaine n’obtiennent pas de support empirique. La conclusion de Richman et al. (1990) concernant le nombre d’heures d’enseignement formel est également confirmée par l’étude de Ray (1994) qui n’a pas obtenu de corrélation entre le temps passé à des activités d’enseignement formel et le rendement scolaire des jeunes éduqués à domicile.

5. Ray (1997, 2009) a tenté d’analyser s’il y avait une relation entre le niveau de contrôle de l'État sur l’éducation à domicile et le rendement académique. En effet, il a classifié les États selon leurs politiques de contrôle à l’égard de l’éducation à domicile. Les États classés dans la catégorie « contrôle bas » sont ceux qui ne requièrent aucun contrôle. Ceux classés dans la catégorie « contrôle modéré » sont ceux qui requièrent que les parents envoient à l’État des résultats du rendement académique de leurs jeunes par le biais de tests ou par le biais d’une évaluation des apprentissages par un professionnel. Ceux classés dans la catégorie « contrôle élevée » sont ceux qui requièrent la même chose qu’à la catégorie « contrôle modéré » en plus d’autres exigences comme suivre un programme approuvé par l’État, que les parents soient diplômés en enseignement, ou qui imposent des visites par des officiels de l’État. Les deux études de Ray n’ont montré aucune relation entre le niveau de contrôle exercé par l’État sur l’éducation à domicile et le rendement académique des jeunes. Ce qui amène celui-ci à conclure qu’il n’y a aucune évidence que l’augmentation du contrôle à l’égard des familles pratiquant l’éducation à domicile améliorerait les apprentissages des enfants enseignés à domicile.

Conclusion : 

Comme le souligne l’étude Maarse Delahooke (1986) il est également possible que leurs résultats supérieurs puissent s’expliquer par le fait que les parents qui choisissent d’éduquer leurs enfants eux-mêmes ont un grand intérêt pour l’éducation et un fort désir de contribuer et de s’investir dans l’éducation de leurs enfants. Ce qui fait en sorte qu’il serait impossible et même présomptueux de conclure que l’éducation à domicile est une meilleure option éducative pour tous les jeunes, et donc que tous les jeunes auraient de meilleurs résultats académiques en étant éduqués à domicile. En effet, un parent qui ne serait pas intéressé par l’éducation ou qui n’aurait pas le désir de s’investir à temps plein dans l’éducation de son enfant (plutôt que seulement pour les devoirs du soir) pourrait faire en sorte que ce jeune obtienne des résultats moindres que s’il fréquentait les bancs d’école. Je crois, en effet, que pour être efficace, le choix de l’éducation à domicile doit être fait par des parents qui désirent s’investir en temps et en énergie dans l’éducation de leurs enfants. Finalement, il est possible que les résultats supérieurs aux tests de rendement académique observés dans certaines études soient également expliqués par le faible ratio élève-professeur qui est plus probable lorsque l’élève est éduqué à domicile. En effet, l’élève éduqué à domicile bénéficie d’un faible ratio élève-professeur qui lui permet, par exemple, d’avoir un enseignement plus personnalisé, qui suit son rythme, qui lui fournit des rétroactions au fur et à mesure, etc.        

Références

National Center for Education Statistics (NCES) (2007). NAEP Data Explorer analyses for 2007, 8th grade Reading, Writing, and Math. Récupéré le 16 octobre 2009 de http://nces.ed.gov/nationsreportcard/nde/  


Rakestraw, J.F. (1988). Home schooling in Alabama. Home School Researcher, 4 (4), 1-6.  

Ray, B.D. (2009). Homeschooling across America: Academic achievement and demographic characteristics. Salem: National Home Education Research Institute.


Ray, B.D. (1997). Strengths of their own---Home schoolers across America: Family caracteristics, students achievement, et longitudinal traits. Salem: National Home Education Research Institute. 

Ray, B.D. (1994). A nationwide study of home education in Canada: family caracteristics, student achievement, and other topics. Salem: National Home Education Research Institute.


Richman, H.B., Girten, W. et Snyder, J. (1990). Academic achievement and its relationaship to selected variables among Pennsylvania homeschoolers. Home School Researcher, 6 (4), 9-16.

Rudner, L.M. (1999). Scolastic achievement and demographic caracteristics of home school students in 1998. Education Policy Analysis Archives, 7 (8). Récupéré le 4 décembre 2008 de http://epaa.asu.edu/epaa/v7n8/


Russell, T.J. (1994). Cross-validation of a multivariate path analysis of predictors of home school student academic achievement. Home School Researcher, 10 (1), 1-13. 

Wartes, J. (1990). Recent results from the Washington homeschool research project. Home School Researcher, 6 (4), 1-7.  


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