Pour le Défi Leucan5000 dont je vous avais parlé ici, j'avais travaillé sur mon témoignage afin qu'il soit publié. Finalement, le temps à manquer aux administrateurs du site Internet pour publier les différents témoignages de plusieurs parents. L'objectif était de parler de ce que vivent les familles ayant un enfant atteint de cancer ainsi que de faire connaître Leucan. Je poursuis donc cet objectif par le biais de mon blog en publiant mon témoignage ici. ;)
Voici donc ce que j'avais rédigé : un condensé de ce que j'ai déjà publié sur mon blog, mais en beaucoup moins long et retravaillé. ;)
Témoignage
On ne s'attend jamais à
cela ; dans la soirée du 21 octobre 2015, mon cœur de maman s'est effondré. Une
souffrance atroce m'a envahi. Mon conjoint venait de m'appeler de l'hôpital
pour m'annoncer que mes craintes étaient fondées ; il m’annonce en pleurs :
«c’est ça, c’est la leucémie». À ces paroles, je m'écroule dans la salle de
bain, mes jambes ne peuvent plus supporter le poids de la douleur qui m'envahit
à ce moment-là. Je pleure «non, c'est pas vrai ; c'est pas possible!». J'en aie
le souffle coupé! Mon bébé, ma puce adorée.
Je me rends rapidement à
l'hôpital où l'équipe de soin m’accueille. Je m'écroule en sanglots en les
apercevant. Ils m'offrent de m'asseoir et prennent le temps de m'écouter,
m'expliquer. Ils me laissent le temps de reprendre mes esprits avant de
rejoindre ma puce qui dormait à ce moment-là. Je prends une grande respiration
et rejoint enfin ma puce qui venait de se réveiller. Jusque-là, ma puce ne
connaissait rien de la maladie et des hôpitaux, mais la voilà parachutée dans ce
monde de plein fouet! On la change de civière et nous embarquons, elle et moi,
dans l'ambulance en direction de Québec.
Le voyage en ambulance
dure environ 1h15. Il est tard, près de minuit, ma puce ferme les yeux et
somnole sans parvenir à dormir. Je regarde ma puce ; je ne peux détacher mon
regard d'elle. Je sais que les prochains mois seront difficiles ; je sais
qu'elle aura de durs traitements (sans savoir exactement encore lesquels),
qu'elle ne se sentira pas bien, etc. Pauvre petite puce, elle n'a que cinq ans!
Pourquoi elle, pourquoi tout cela lui arrive-t-il, pourquoi cette fichue
maladie vient lui enlever sa douce innocence, sa jeunesse?
Nous arrivons à l'hôpital.
Je suis fatiguée (il est environ 1h30 du matin) et confuse. Ils nous placent
dans une petite pièce fermée par des rideaux et nous attendons. Que va-t-il se passer?
Ma puce s'endort enfin, mais pour un court instant puisque les infirmières
entrent et sortent régulièrement. Prises de signes vitaux, prises de sang,
radiographie de ses poumons, etc. Nous sommes sans cesse dérangées par toutes
sortes d'interventions. Ils doivent préciser le diagnostic pour commencer
rapidement les traitements. Il est 4 heures du matin. Je n'ai toujours pas
dormi, alors que ma puce, seulement par petites brides de 15-20 minutes, entre
deux interventions. Nous sommes transférées à l'étage dans une vraie chambre.
Enfin! Une petite banquette de cuir en guise de lit m'attend. Ma puce s'endort,
mais pas moi. À 6 heures du matin, encore des prises de sang et des signes
vitaux. Cela ne fait pas une grosse nuit! Ce jeudi 22 octobre sera une journée
étourdissante! Je me souviens du va-et-vient incessant dans notre chambre : les
médecins sont venus nous voir pour nous annoncer que ma puce avait une leucémie
lymphoblastique aiguë. La pharmacienne a suivi pour nous parler du protocole de
traitement sur 2 ans ; des médicaments et de la chimiothérapie qu’elle recevra
et de leurs effets secondaires. 2 ans!!! My god! C'est long! C'est un choc! Ma
puce se battra 2 ans contre cette maladie avant de pouvoir crier victoire!
Suivrons des visites de la
nutritionniste, de la physiothérapeute, de la travailleuse sociale, de la psychologue,
de l’infirmière-pivot, d’une chercheure, des travailleuses de Leucan (organisme
à but non lucratif qui vient aider les enfants atteint de cancer et leur
famille), de la massothérapeute de Leucan, en plus des infirmières qui suivent
ma puce de près, etc. Pas le temps de s'ennuyer!
Cette même journée, ma
puce a eu sa première ponction lombaire et ponction de la moelle osseuse
(première d'une longue série sur deux ans). On amène ma puce dans la salle de
traitement. Elle pleure beaucoup et a de grandes appréhensions. On attend, on
attend encore... On doit attendre le médecin, l'anesthésiste, l’inhalothérapeute,
etc. Toute une équipe médicale doit être présente pour veiller au bon
déroulement de l'intervention. Pour une petite de 5 ans, ça fait peur, tous ces
gens masqués, en jaquette d'hôpital, et tous ces instruments... Et pourquoi je
dois aussi porter un masque et pourquoi mes parents aussi, qu'allez-vous faire,
pourquoi? Ma puce pose beaucoup de questions, mais elle n'est pas toujours
entendue (il y a beaucoup de monde et ils sont concentrés sur leur travail
délicat). Je suis là pour ma puce, je tente de répondre à certaines de ses
questions, mais pour certaines, je n'ai pas de réponse, je nage aussi dans
l'inconnu. Alors que ma puce pleure, des clowns passent dans le couloir, ils
entendent ma puce. Ils ne peuvent entrer dans la salle, mais au travers du rideau,
ils se mettent à parler afin qu'elle les entende. Ils disent : «oh! t'as vu,
elle a une belle girafe!» (le doudou qui suit ma puce partout). Je ne me
souviens pas de tout ce qu'ils disaient, mais je me souviens qu'ils se sont mis
à chanter quelque chose comme «câlin de girafe, câlin de maman, câlin de
papa... ça fait du bien les câlins de girafe, les câlins de maman et papa». Ma
puce écoutait entre deux sanglots, elle était plus calme. Des larmes ont coulé
sur mes joues! Petit moment de réconfort pour ma puce. Merci pour votre passage
les clowns! Des petits riens qui font du bien, des larmes qui coulent, mais des
larmes de soulagement, de relâchement dans des moments si tendus.
Le lendemain, vendredi 23
octobre, une autre journée très intense nous attend. Ma puce doit aller au bloc
opératoire afin de lui installer une voie d’entrée sous cutanée pour
administrer les chimiothérapies, les médicaments et faire les prises de sang. Comble
de malheur, elle devra se rendre trois fois en deux jours au bloc opératoire
puisque leur installation ne fonctionne pas. Ma puce pleure beaucoup durant
l'attente près du bloc opératoire. Elle a beaucoup d'appréhensions, ne
comprends pas tout ce qui se passe. Moi-même je me sens un peu perdue. Depuis 2
jours, ça n'arrête jamais. Nous sommes bousculés de tous côtés, bombardés
d'informations... Je reste forte auprès de ma puce, l'écoute, lui dit qu'elle a
le droit d'avoir peur, que ce n'est pas facile tout ce qui lui arrive depuis
deux jours, qu'elle a le droit de pleurer, que je reste près d'elle jusqu'à ce
qu'elle entre au bloc opératoire.
Les jours suivant, le moral n’était
pas très haut. Le ciel venait de nous tomber sur la
tête en recevant le diagnostic de leucémie de ma puce. Elle venait de commencer
ses traitements après des journées intenses d'examens et d'opérations. Elle
était très malade et affaiblie. Elle dormait beaucoup et nous passions donc
notre temps avec elle dans la chambre avec toutes nos angoisses et notre
tristesse. Le matin, alors que ma puce dormait encore, j'entendais des petits
rires d'enfants adorables qui me faisaient un bien immense. Je me couchais le
soir, et j'entendais encore les rires de cette enfant qui me réchauffaient le
cœur après une journée difficile. Ces rires qui m’ont tant fait du bien
étaient ceux de la belle Hélixane Nourry.
Puis, ma puce commençait à
se sentir un peu mieux, elle commençait à sortir de sa chambre et elle est
venue jouer avec Hélixane. Je suis tout de suite tombée sous le charme de cette
petite fille pleine de vie. Elles étaient si belles, si joyeuses! Hélixane
redonnait une belle énergie à ma puce et je savourais ce bonheur de voir ma
puce rigoler et bouger ainsi à nouveau.
De temps en temps, la
massothérapeute de Leucan passait voir ma puce. Ma puce était méfiante au
début. Normal, depuis qu'elle est entrée à l'hôpital, elle a droit à toutes
sortes d'agression sur son corps de la part du personnel médical. La
massothérapeute l'a doucement apprivoisé. Elle disait : «c'est correct si
un enfant refuse les massages, que parfois ça fait du bien aux enfants de
refuser, car les massages sont la seule chose à l'hôpital qu'ils peuvent
refuser. Devant une telle perte de contrôle, certains enfants sont soulagés
d'avoir un peu de contrôle sur quelque chose». Une journée, ma puce a accepté
un long massage sur les jambes accompagnée d’une musique relaxante. Je me suis
assise, j'ai fermé les yeux et j'ai profité, moi aussi, de ce petit moment de
répit pour relaxer. Cela faisait des jours que cela n'arrêtait pas, que je
dormais plus ou moins bien sur un lit très dur, avec des bruits de pompes en
arrière-fond et qui parfois se mettaient à sonner. Ce massage faisait du bien à
ma puce et à moi également. Je regardais quelques fois ma puce, si paisible, si
bien, qui s'abandonnait au massage, sereine. Ce doux moment de tendresse m'a
fait chaud au cœur, mes larmes ont coulé. Enfin, ma puce était bien! Quel
service incroyable que nous offre Leucan (2 ans de massages pour toute la
famille, même à domicile).
Nous commencions à avoir
une certaine routine. Ma grande passait trois jours chez sa mamie, puis trois
autres chez ma sœur, puis une journée à la maison avec papa. Tout ceci était
aussi difficile pour elle. Quand elle a appris que sa sœur resterait longtemps
à l'hôpital et qu'elle serait ensuite souvent fatiguée, elle a beaucoup pleuré.
Pauvre chouette, son univers venait d'être chamboulé elle aussi. Malgré tout,
elle s'est bien adaptée, a été autonome et mature dans tout cela. Un jour, lors
d'une de ses visites à l'hôpital, ma grande a écrit pour ma puce «que la nature
te guérisse!». ;)
À l'hôpital aussi nous
commencions à prendre nos habitudes, une certaine routine. Alors que les
premiers jours, il m'arrivait de trouver le temps de manger seulement en après-midi,
nous reprenions nos habitudes de repas trois fois par jour. Nous savions que
les clowns passaient le mardi, la massothérapeute venait mardi, mercredi et
jeudi, que Leucan apportait du café et un déjeuner le jeudi, etc. Les visites
des différents intervenants s'espaçaient un peu. Bref, l'ouragan était passé.
On s'adaptait peu à peu à cette nouvelle réalité. On rencontrait et parlait
avec d'autres parents qui vivaient la même chose que nous. Ma puce allait
mieux! À travers tout cela, elle a eu beaucoup de chimiothérapies, de transfusions
et de médications.
Le combat continu, mais
nous gardons le moral! On s'adapte à notre nouveau quotidien qui sera nôtre
pour les deux prochaines années à venir : faire attention aux microbes, aux
accidents, éviter les endroits trop fréquentés, acheter des médicaments que ma
puce devra prendre quotidiennement, adapter notre quotidien puisqu'une journée
sera toujours occupée par nos déplacements Charlevoix-Québec pour les
traitements de ma puce, etc. Ma puce aussi s'adapte tranquillement à tout ceci.
Elle dessine beaucoup de petites filles à l'hôpital en compagnie de leur maman
et de leur papa, ainsi que des infirmières. Elle compose des histoires qui sont,
finalement, son histoire. Elle me demande aussi de jouer à l'infirmière et elle
fait la petite fille malade.
Bref, après la tempête,
nous apprenons à composer avec cette nouvelle réalité qui est la nôtre. Nous
nous découvrons chaque jour des forces insoupçonnées. Nous découvrons que
malgré la maladie, les souffrances et les imprévus, il y a toujours moyen de se
raccrocher à l’essentiel : l’amour.
*Avant de vivre cela, nous connaissions la maladie, le cancer chez les enfants ; nous savions que cela existait, nous avions vu des enfants au crâne dénudé à la télévision, mais nous n'avions aucune idée de l'onde de choc que la famille traverse lors de l'annonce du diagnostique. Nous n'avions qu'une vague idée du lourd combat que mène ses enfants et leur famille. En contre-partie, nous ignorions également à quel point Leucan (pour le Québec) est présente pour ces familles et vient apporter un soutien inestimable. Lorsque nous recevons la nouvelle du diagnostique, nous nous sentons atterré, complètement anéanti... puis Leucan se pointe dans notre chambre avec leur sac rouge contenant une couverture et autres petits cadeaux. Ils nous parlent alors de leurs services, du soutien qu'ils offrent durant toute la maladie. Je me souviens alors d'avoir ressenti un relâchement, un soulagement. Oui, le combat sera long et difficile, mais nous ne serons pas seul, nous aurons du soutien afin de rendre cette épreuve plus supportable. Merci à Leucan pour son soutien pour les familles d'enfants atteint de cancer! Merci d'adoucir nos journées, dès l'annonce du diagnostique et jusqu'à la fin des traitements (et même au-delà pour ceux qui doivent vivre le cauchemar de la perte de leur enfant).
*Avant de vivre cela, nous connaissions la maladie, le cancer chez les enfants ; nous savions que cela existait, nous avions vu des enfants au crâne dénudé à la télévision, mais nous n'avions aucune idée de l'onde de choc que la famille traverse lors de l'annonce du diagnostique. Nous n'avions qu'une vague idée du lourd combat que mène ses enfants et leur famille. En contre-partie, nous ignorions également à quel point Leucan (pour le Québec) est présente pour ces familles et vient apporter un soutien inestimable. Lorsque nous recevons la nouvelle du diagnostique, nous nous sentons atterré, complètement anéanti... puis Leucan se pointe dans notre chambre avec leur sac rouge contenant une couverture et autres petits cadeaux. Ils nous parlent alors de leurs services, du soutien qu'ils offrent durant toute la maladie. Je me souviens alors d'avoir ressenti un relâchement, un soulagement. Oui, le combat sera long et difficile, mais nous ne serons pas seul, nous aurons du soutien afin de rendre cette épreuve plus supportable. Merci à Leucan pour son soutien pour les familles d'enfants atteint de cancer! Merci d'adoucir nos journées, dès l'annonce du diagnostique et jusqu'à la fin des traitements (et même au-delà pour ceux qui doivent vivre le cauchemar de la perte de leur enfant).
Cette couverture (avec les petites coccinelles de Leucan) suit à présent ma puce partout lors de nos nombreux dodos à l'extérieur pour les traitements à l'hôpital de Québec, tôt le lendemain. Elle dort tous les jours avec sa couverture que nous appelons chez nous 'Douce-douce'. ;) Un petit symbole pour montrer que Leucan est avec nous tout le temps pour nous soutenir.
💜
RépondreEffacerPlein de courage à vous!
RépondreEffacergros baisers à toute ta famille et ta petite puce très courageuse
RépondreEffacerJ'ai pleuré en lisant votre témoignage.Je vous souhaite de garder le courage et que votre petite princesse guérisse.Quelle est belle!Je suis maman d'un petit garçon de 3ans et demie je sais ce que le coeur d'une maman ressent,et j'ai ma maman qui a aussi un cancer.Courage!
RépondreEffacerUn petit bonjour de soutien.
RépondreEffacerEn espérant que tout aille bien.
Amicalement.
Bonjour,
RépondreEffacerJ’ai découvert votre blog alors que je souhaitais apprendre des notions mathématiques avec les outils Montessori à ma fille Barbara qui a 7ans. Nous avons alors découvert que Coralie était gravement malade, votre courage et le sien sont source d'inspiration. Barbara a décidé écrire un petit mot à Coralie et lui dessiner une poupée. Nous souhaiterions la poster. Voici mon adresse email « bmitsouko@gmail.com » pour que vous me communiquiez votre adresse postale.
Amitiés, Muriel et Barbara
Je viens de découvrir votre blog aujourd'hui. Je m'appretais à poster un simple message de remerciement pour tous ces posts qui permettent de comprendre comment utiliser les outils Montessori, et je vois Leucémie dans les libellés et découvre votre histoire avec une grande tristesse. Je vous envoie donc tout mon soutien et vous souhaite le meilleur à venir.
RépondreEffacerMerci grandement pour tous vos messages de soutien! Dans les moments plus difficiles, cela me fait du bien de les relire.
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