Dans mon billet précédent, j'ai présenté quelques études qui semblent démontrer que les jeunes éduqués à domicile n’ont pas de problème de socialisation une fois adulte. En effet, ils sont impliqués dans leur communauté et ont acquis de bonnes habiletés sociales. De plus, ils semblent bien s’intégrer sur le marché du travail. Qu’en est-il de la transition au collège pour ces jeunes qui n’ont jamais ou peu fréquenté l’école (publique ou privée) ? Ont-ils acquis les habiletés sociales nécessaires pour vivre une bonne transition et un bon ajustement au collège ?
Les résultats de l'étude de Lattibeaudiere (2000) révèlent que les étudiants (collèges et universités) ont vécu des expériences positives en faisant l’éducation à domicile qui ont contribué à leur transition et leur ajustement au collège. L’éducation à domicile ne semble pas avoir limité les opportunités de socialisation de ces étudiants puisqu’ils ont mentionné avoir participé en moyenne à quatre ou cinq activités en dehors de la maison avant d’entrer au collège ou à l’université. De plus, une des raisons pour lesquelles les parents choisissent d’éduquer leurs enfants à domicile est pour protéger leurs enfants de l’influence négative de la pression par les pairs. Cette étude révèle que l’éducation à domicile a fourni à ces jeunes un environnement émotionnel sécuritaire qui leur a permis de se développer en tant qu’individu unique sans avoir à vivre les pressions pour se conformer aux normes et standards projetés par la société et les pairs. De plus, ces étudiants apparaissent bien adaptés sur les plans interpersonnel, social et émotionnel à l’expérience de la vie au collégial. Cette étude a également révélé que ces jeunes ont appris à interagir efficacement et à communiquer avec des individus de tous les groupes d’âge, et non pas seulement avec leurs pairs. Ceci peut expliquer le niveau de confort qu’ont ces jeunes à communiquer et négocier avec les professeurs et les membres de leurs campus. Finalement, l’étude de Lattibeaudiere (2000) mentionne que les gens sont souvent surpris lorsqu’ils rencontrent des jeunes ayant été éduqués à domicile parce que ceux-ci ne cadrent pas avec les stéréotypes typiques du jeune éduqué à domicile (exemple : gêné, renfermé, etc.).
Une autre étude a été conduite afin d’étudier l’ajustement des jeunes éduqués à domicile au collège (White, Williford, Brower, Collins, Merry et Washington, 2007). Ces chercheurs mentionnent en introduction que l’habileté des jeunes éduqués à domicile à s’ajuster avec succès à la vie collégiale est un critère important pour démontrer les résultats positifs de l’éducation à domicile. Les auteurs de cette étude ont comparé les résultats au College Adjustment Scale (CAS) de 36 étudiants de première année au collège (18 ayant été éduqués à domicile et 18 autres d’âge, de race et de genre équivalent ayant été éduqués à l’école traditionnelle). Aucune différence significative n’a été trouvée entre les deux groupes sur 8 des 9 échelles du CAS. Les différences entre les groupes se situant à l’échelle anxiété. En effet, les jeunes ayant été éduqués à domicile rapportent significativement moins de symptômes d’anxiété que leurs homologues éduqués à l’école traditionnelle. Cette étude supporte l’idée que les jeunes ayant été éduqués à domicile ne rencontrent pas plus de problèmes dans leurs relations interpersonnelles que les jeunes ayant été éduqués à l’école traditionnelle. Ce qui suggère que les jeunes ayant été éduqués à domicile sont ajustés à la vie collégiale aussi bien que les jeunes collégiens en général.
L’étude Holder (2001) en arrive également à la conclusion que les jeunes ayant été éduqués à domicile sont bien préparés pour la transition au collège. En entrevue, les jeunes ont mentionné que le support parental et leurs conseils pour leur développement social sont des aspects clés de leur socialisation. La plupart des jeunes de l’échantillon ont mentionné que la transition sociale vers le collège n’a pas été une expérience difficile. Bien que les participants ont mentionné avoir eu un ajustement à faire pour être dans un large groupe de pairs, plusieurs sentent que leur expérience de l’éducation à domicile interagissant avec des gens d’âge différents a été une aide pour leur adaptation à l’environnement social du collège.
Finalement, une autre étude très récente a été conduite afin d’examiner la relation entre l’éducation à domicile et les traits de personnalité d’étudiants du collège (White, Moore, Squires, 2009). Ces traits de personnalité sont : l’Ouverture à l’expérience, la Conscience, l’Extraversion, l’Agréabilité et le Névrotisme. Ces traits de personnalité ont été mesurés en utilisant le NEO Five Factor Inventory (NEO-FFI) Form S (âge collégial) avec un groupe de 51 étudiants du collège ayant été éduqués à domicile auparavant. Cette étude révèle que les jeunes ayant été éduqués à domicile obtiennent des résultats significativement supérieurs à la norme nationale de leurs pairs d’âge collégial sur les échelles d’Agréabilité, de Conscience et d’Ouverture à l’expérience. Un résultat élevé à l’échelle Agréabilité révèle des caractéristiques telles que : ouverture aux autres, digne de confiance, altruiste, modeste et avoir une orientation plus prosociale envers les autres. Un résultat élevé à l’échelle Consciences révèle que se sont des individus bien organisés, avec une auto-discipline, orientée vers la tâche et le but, capables de retarder les gratifications et avec une tendance à suivre les codes et normes morales. Un résultat élevé à l’échelle Ouverture à l’expérience montre une tendance à être ouvert à de nouvelles expériences, de nouvelles idées et de nouvelles valeurs. Ce dernier résultat va à l’encontre des critiques qui expriment que l’éducation à domicile peut produire des individus fermés d’esprit (Wright, 1988). Au contraire, ce résultat révèle que les jeunes ayant été éduqués à domicile sont plus indépendants et plus créatifs que les jeunes ayant été éduqués à l’école traditionnelle. Aucune différence significative n’a été trouvée entre les jeunes ayant été éduqués à domicile et les normes nationales pour les échelles Névrotisme et Extraversion. Ce dernier résultat montre également que les inquiétudes à propos du fait que l’isolement social des jeunes éduqués à domicile pourrait les rendre excessivement introvertis ne sont pas supportées par les données de cette étude. Cette étude apporte donc un support à la croyance que les pratiques uniques de socialisation des familles faisant l’éducation à domicile peuvent avoir un impact positif sur le développement de la personnalité de ces jeunes. Finalement, cette étude n’apporte aucun support aux critiques qui croient que l’éducation à domicile auraient un impact négatif sur l’ouverture aux idées des autres dans la société ou avoir un impact négatif sur les dimensions émotionnelles et sociales de la personnalité des jeunes ayant été éduqués à domicile.
Quel sera le sujet de mon prochain billet recherche??? Si vous avez des questionnements, je pourrais peut-être trouver réponse dans mes nombreuses recherches, donc n'hésitez pas. J'aime bien me replonger dans mon essai. :)
Références :
Holder, M.A. (2001). Academic achievement and socialization of college students who were home schooled. Thèse de doctorat, The University of Memphis, Memphis.
Lattibeaudiere, V.H. (2000). An exploratory study of the transition and adjustment of former home schooled students to college life. Thèse de doctorat, The University of Tennessee, Knoxville.
White, S., Moore, M. et Squires, J. (2009). Examination or proviously homeschooled college students with the Big Five Model of personality. Home School Researcher, 25 (1), 1-7.
White, S., Williford, E., Brower, J., Collins, T., Merry, R. et Washington, M. (2007). Emotional, social and academic adjustment to college: A comparison between Christian home schooled and traditionally schooled college freshmen. Home School Researcher, 17 (4), 1-7.
Wright, C. (1988). Home school research: Critique and suggestions for the future. Education and Urban Society, 21, 96-113.
Wright, C. (1988). Home school research: Critique and suggestions for the future. Education and Urban Society, 21, 96-113.
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